• Algérie : « Bezzzef » à la gabegie opaque.

     

    Par N.E. Tatem avec ARGOTHEME Site de ARGOTHEME.      

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    L’Algérie est plongée dans une indescriptible désolation sociale, alors que le champ politique reste ankylosé d’une léthargie affligeante. Les ressources pétrolières sont plus que reluisantes dont la hausse des tarifs a coïncidé avec le retour de Bouteflika aux affaires, le marasme fait d’autoritarisme, de népotisme et de désespoir désenchantent et génèrent plus de dérision que de sérénité. La citoyenneté rationnelle et éprise d’évolution montrée du doigt par le mouvement BEZZEF !

     

    Alors que l’Algérie est plongée dans une indescriptible désolation sociale, le champ politique reste ankylosé d’une léthargie affligeante. Pour rompre la neutralisation de toutes suppliques venant de la population en général, le soubresaut de « Bezzef » s’est engagé de défraîchir un terrain stérile où végète des herbes qui n’ont de fruits que la corruption, de religion que la prédation banquière et de projet que la domination des vulnérables.

     

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    Déraciner les baliveaux, de la mafia politico-financière, incultes et suceurs de l’humus nourricier, échappe à la classe politique défaillante. Celle du pouvoir applaudit et l’opposition ne cogite que pour perdurer son inertie. Quant aux islamistes, ils ont épuisé leur panoplie de chimères rétroactives et moyenâgeuses. Le démocratisme qui les soutenait a terminé de bricoler contre un système zélé à s’éterniser. Les transitions espérées par la jeunesse, depuis octobre 1988, n’ont pas supplanté les herbes nocives. Des égarements de violence ou de partir à la précarité des exils incertains, ont résulté d’un pernicieux climat de désarroi, encore et toujours grandissant.

    La face cachée : la misère et la paupérisation.

    Même si les ressources pétrolières sont plus que reluisantes dont la hausse des tarifs a coïncidé avec le retour de Bouteflika aux affaires, le marasme indécrottable génère plus de dérision que de sérénité. Parce que la gouvernance compte sur la faste manne atténue toutes les crises… Les réalisations de plusieurs centaines de milliers de logements ainsi que les projets de prestige, comme l’autoroute est-ouest ou bien celui de la grande mosquée au faramineux coût de 5 milliards de dollars, ne mitigent en rien la modicité féconde et décadente de la classe moyenne. Les riches le sont encore plus, arrogants et pervers, et les démunis désarmés et désorganisés.

    La misère des algériens

    Selon un constat du PNUD il y aurait 19 millions de pauvres en Algérie sur une population estimée à 36 millions, 17 % de la population posséderait 50 % des richesses du pays. L’opacité avec laquelle sont brassés les milliards est à la source des inégalités.

    En ce qui concerne la mosquée chère au raïs, les algériens sont stoïques, « le mal » est enveloppé du religieux, le sacré ! L’identité algérienne est aussi emballée par une langue improbable et une douteuse spiritualité, loin -toutes les 2- de vouloir libérer les esprits. Quant à l’autoroute, c’est l’exemple qui démontre que des pays mettent désormais les camions sur trains. La nature économique de telle infrastructure s’initie sous d’autres cieux, aux ères de dépression. Comme pour les grands programmes de logements, elle est mise en place pour donner du boulot aux administrés d’abord. Or en Algérie, elle n’a rien de cela. Ce sont les chinois et d’autres étrangers qui ont pris le travail. Et investissent même le secteur des services, traditionnellement du ressort des autochtones, en rameutant leur personnel, ou bien mettent en esclavage quelques recrus de la main-d’œuvre locale, comme est le cas dans le sud du pays.

    Face au régime plus délétère que jamais, car il dure depuis la couverture de la souveraineté nationale en 1962 et reconnu tel par ses propres meneurs lors surtout de la décennie 80, certains intellectuels algériens ont pris l’initiative de dresser un nouveau type de réaction citoyenne. Inconnu dans les us de l’expression sociale de ces dernières années, dans le pays envié pour ces atouts dont l’énergie pétrolière ainsi que sa population très investie dans la formation et l’éducation des jeunes générations, « Bezzef » est passé à la charge. Son action de cet automne 2009 est aux devants des faits, dirait-on insolites, de sédition rapportée par la presse écrite privée tirant son existence même dans cette détermination.

    Octobre des polissons

    Pour surmonter la désillusion qui accable les plus laborieux de la population,entrepreneurs et travailleurs, cette contestation citoyenne se place sur la question primordiale de la liberté d’expression. Elle tente de renouveler, de la mémoire collective contemporaine celle où plus de 70% des algériens se reconnaissent notamment les jeunes, aussi bien la moralisation de l’action politique que le socle qualitatif d’une opposition animée de citoyenneté républicaine ! Le parcours depuis 1988 d’où est né un espoir encore disputé… reste inabouti ! Le pouvoir moins vacant avec Bouteflika est paradoxalement vacillant pour son illégitime 3ème mandature truandée par d’indécrottables faux tenants de la mémoire.

    Baptisée « Bezzef » l’action et le semblant de cadre, où sont en jonction des jeunes volontés protestataires, est venue au monde comme un éclair dans une nuit sereine. Le mot signifie littéralement dans le langage populaire : Basta, c’est trop, y’en-a-marre, ça suffit et Assez. Une fronde menée surtout par des journalistes et des écrivains, la catégorie d’intellectuels qui a joué par le passé et avec d’autres générations, les premiers rôles dans l’évolution de la conscience des populations algériennes. En 2005 à la veille des élections présidentielles, les Egyptiens ont créé le mouvement « Kifaya » qui a une même connotation, au moins sur ce point de la dénomination.

    Cette implication de la corporation des journalistes rehaussée de leur statut de gens de lettre, a été usitée du temps des années de plomb du parti unique et bien avant à l’époque du colonialisme. Drainée et inspirée par l’œuvre littéraire et dramaturgique de Kateb Yacine, elle traduit une droiture dont l’agitation se distingue d’être perspicace. L’engagement d’hommes et de femmes de culture en meneurs rigoureux dans leur foie mais indifférents à récolter quelconques dividendes, est un acte de perfectionnistes comme en lien avec leurs œuvres.

    Comme ne pas faillir devant ses prochains et l’Histoire, l’éclair illumine le sentier de la liberté et du bien-être : la citoyenneté rationnelle et éprise d’évolution. Quoique pensent les agacés par l’ultime répartie de « Bezzzef », l’attitude tire du romantisme et de la bravoure, une confiance. Elle dégage une dignité de personnes offusquées de toutes les dérives qui harassent par l’arbitraire d’autres voix.

    L’intelligentsia conséquente met main dans la main.

    La sorte de relève animée d’une verve romantique très poussée à briser l’emprise du système désigné en la circonstance par la « Bouteflicaille », s’est regroupée autour de 5 à la fois journalistes et écrivains. La mobilisation déterminée, mais tempérée d’hésitation et de clivages entre membres de la corporation, respire un souffle ardent d’éveiller une subversion envers une sclérose supportable par les algériens qu’avec un outrancier populisme. Amari Chawki, Adlen Mehdi, Kamel Daoud et Mustapha Benfodil, tous exerçant dans la presse et ayant fait le pas pour la littérature d’ouvrages, s’en sont pris, en se étant d’accord sur l’essentiel, en dénonçant le règne de la médiocrité et du tourner-en-rond.

    Le mouvement a réellement débuté avec la 21ème commémoration du fameux et historique jour du 5 octobre 1988. Mais suite à l’interdiction récente d’un roman ayant un titre d’un barbarisme d’une curiosité qui questionne le premier qui le lit ou entend son intitulé « POUTANKHINE », ce mouvement est devenu, en l’espace de quelques jours, un repère indéniable dans le mouvement social en Algérie. Il manifesta contre cette censure, lors du dernier salon du livre. Une sorte d’onde issue d’un maillage via le réseau social de « Facebook » et que la presse, libérée du carcan du monolithisme politique, retrouvant sa ligne de conduite dans ce soulèvement, a relayé. 5 octobre 2009-11-30

    Les cercles partisans qui croient détenir les rênes de l’opposition partisane s’en préservent de réagir, toutes distances gardées, n’osent même pas exprimer désaveu ou soutien à «  Bezzef ». Y compris les démocrates déshérités d’ancrage dans les réalités et éloignés des luttes montantes, restent comme sous boisseau et au fond des méandres oisives. Quant aux islamistes déjà largement entretenus par le pouvoir pour barrer la route à toute lueur démocratique, ont épuisé l’essentiel de leurs idées. La population est désormais au parfum de leurs ignobles desseins.

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